Kumbhaka, la rétention de l’air ou en d’autres termes, le fait de suspendre sa respiration, poumons pleins ou poumons vides, est une composante essentielle de tous les exercices respiratoires du yoga. Un exercice respiratoire ne devient un pranayama qu’avec kumbhaka.
Notre respiration oscille sans arrêt entre deux états: le plein qui suit l’inspiration et le vide qui succède à l’expiration. Les yogis pensent que nous ne nous remplissons pas uniquement d’air en respirant, mais surtout de prana, l’énergie de vie subtile.
C’est pourquoi le hatha yoga a mis au point de nombreux exercices respiratoires, au cours desquels nous inspirons profondément de l’air et du prana. Nous essayons ensuite de le retenir le plus longtemps possible dans notre corps pour ressentir ainsi la plénitude de l’énergie vitale. Toute rétention à poumons pleins notamment devra être pratiquée avec Jalandhara Bandha (le menton appuyé dans le creux du sternum)
Parallèlement au concept de plénitude, les maîtres du hatha yoga développèrent celui de vacuité (shunya).
Pour eux, lorsque que nous demeurons détendus, en suspension à vide après une profonde expiration, nous
retournons vers le point zéro, vers l’origine de tout ce qui est.
De même que l’état de plénitude nous permet de ressentir le déploiement total de la création, l’état de vacui-
té représente son repli complet, comme si un arbre se retirait dans sa graine. Dans ce temps de vacuité, nous
pouvons nous vider de tout ce que nous avons accumulé en nous mêmes, de tout ce qui nous pèse et nous
encombre.
Pour les maîtres du yoga, l’inspiration qui suit cette suspension du souffle est un moment de vie entièrement
nouveau, immaculé, dans lequel nous pouvons nous redécouvrir et nous restructurer.
Pour eux, la suspension à vide est comme une petite mort, car nous expirons puis faisons une pause interrompant ainsi momentanément la pulsation de la vie.
Les deux formes de suspension, kumbhaka à plein ou à vide, sont des moments magiques de la pratique du
yoga. Elles nous ouvrent des expériences inaccessibles dans la respiration du quotidien qui enchaînent inspirations et expirations, nous faisant entrer, en toute conscience, dans le rythme cyclique infini du souffle et donc de la Vie.